Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ché le but et voulut me prendre ma balle comme dédit. Je refusai, et, lorsque je commençai à lutter avec lui à cause de cela, je lançai ma balle et crus l’avoir jetée par-dessus la maison. Il courut la chercher dans la rue et ne put la trouver. J’en fus très-content : mais j’ai tout à l’heure été bien chagrin de la trouver sur ce tas de copeaux, au bas de la fenêtre brisée ; car en la trouvant ici j’ai tout de suite reconnu que c’était moi qui avais cassé les vitres. C’est par là aussi que le pigeon a dû entrer, et voici encore une de ses plumes blanches qui se trouve attachée à l’ouverture.

— Oui, dit le charpentier, et au bas des fenêtres il y a encore beaucoup de ses plumes. Je viens d’y regarder. C’est donc bien certainement le pigeon qui a cassé les carreaux de vitre.

— Mais il ne serait pas entré dans la maison si je n’avais pas cassé cette petite fenêtre, reprit avec chaleur le jeune garçon ; d’ailleurs je suis capable de gagner douze sous par jour, et je payerai tout le dégât. Le pigeon blanc appartient à une vieille femme de notre voisinage, qui l’affectionne beaucoup, et je ne voudrais pas voir tuer cette pauvre bête pour deux fois son pesant d’argent.

— Prends le pigeon, mon brave, mon généreux garçon, dit M. Somerville, et va le porter à ta voisine. Je pardonne tout le dégât qu’il m’a fait, par considération pour toi, dis-le à ta vieille amie.