Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/141

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Gilbert sut bientôt reconnaître ce bon procédé. Lorsque son maître avait besoin de quelqu’un pour faire une course, il prévenait Edmond ; et comme cela lui arriva souvent, il fut à même d’apprécier le bon caractère de son jeune ami, et de se féliciter d’avoir rencontré un aussi bon et aussi fidèle serviteur. Sa véracité se trouva une fois mise à l’épreuve. Edmond avait été au loin porter une lettre. Lorsqu’il revint, la nuit était sombre, l’heure avancée, et jugeant que sa sœur pouvait être inquiète de ne pas le voir rentrer, il se détourna de son chemin et rentra au château de Rossmore avant de porter la réponse à Gilbert. On l’avait aperçu ; mais lorsqu’on lui demanda s’il était revenu en droite ligne, il répondit que non, donna le motif de sa conduite, et dès lors on eut en lui pleine et entière confiance.

Les orphelins continuèrent à s’entr’aider dans leur travail, chacun suivant la mesure de ses forces. Grâce au travail de Marie et d’Edmond et même à celui des deux petites Peggy et Nancy, la famille vécut pendant trois ans dans une sorte d’aisance. Isabelle et Caroline les visitaient souvent, et trouvaient toujours moyen de leur donner des robes, du fil et du lin pour tricoter. Nos orphelins ne comptaient pas sur ces cadeaux, et, quoique heureux de les recevoir, ils surent ne pas en abuser.