Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/149

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Quelques jours après la chute des cheminées du château de Rossmore, Marie et ses sœurs, occupées à leur travail habituel, virent entrer une vieille femme, coiffée d’un mouchoir, un panier sous le bras, et s’aidant d’un bâton pour marcher. Elle avait une longue pipe à la bouche, sur les épaules deux mouchoirs bleus et rouges, point de bas, de mauvais souliers, et une jupe qui lui venait à mi-jambes. Cette vieille femme avait reçu le surnom de mère Tâtonneuse, parce que depuis longues années elle avait l’habitude de fouiller toutes les ruines et tous les fossés du voisinage, espérant y découvrir un trésor. Elle avait entendu dire dans sa jeunesse qu’une ancienne prophétie annonçait qu’à vingt milles à la ronde on trouverait un trésor caché sous terre, quelques jours avant la Saint·Patrice.

Cette prophétie avait produit sur elle une singulière impression. Persuadée qu’elle devait se réaliser, et que le trésor serait trouvé par la personne qui le chercherait le plus, elle passait tout son temps à courir, vendant au fur et à mesure son mobilier et sa garde-robe, se consolant de son dénûment en songeant au trésor qui devait être trouvé à vingt milles à la ronde. On lui donnait de temps en temps quelques pièces de monnaie ; mais elle était si paresseuse, si indolente, que sa misère augmentait chaque jour. C’est alors