Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/175

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lendemain ces plants lui revinrent à l’esprit ; mais naturellement timide, il ne put se décider à faire lui-même cette demande. Il recommanda donc à sa femme, qui partait justement pour le marché, de passer devant la grille du jardin de M. Grant, et, si elle l’y voyait, de lui demander quelques plants de ses framboisiers.

Mme Oakly rapporta pour réponse à son mari que M. Grant n’avait pas un seul plant à donner, et que, quand même il en posséderait beaucoup, il n’en donnerait à personne au monde, excepté à son fils.

Oakly devint furieux à cette réponse ; il déclara qu’il aurait dû s’attendre à un tel procédé de la part d’un Écossais, et qu’il fallait être stupide pour avoir pu se fier aux paroles d’un homme de cette espèce. Il jura qu’il aimerait mieux mourir à l’hospice de la paroisse que de demander jamais une faveur, si petite qu’elle fût. Puis il raconta pour la centième fois à sa femme la manière dont il avait été dupé par un compatriote de M. Grant. Enfin il jura de n’avoir plus aucun rapport direct ou indirect avec son voisin.

« Mon fils, dit-il à Arthur qui revenait à cet instant de son travail ; mon fils, écoute-moi ; que je ne te revoie jamais avec le fils de M. Grant.

— Avec Maurice, mon père ?