Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/186

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par le bras courroucé de M. Oakly atteignit la tête de la précieuse tulipe.

Arthur, tout occupé de convaincre son père que le procureur s’était trompé dans son jugement sur Maurice, ne remarqua pas la chute de la fleur. Le lendemain, quand Maurice vit ses framboisiers éparpillés sur la terre et sa tulipe favorite brisée, il fut saisi d’étonnement et éprouva même un instant de la colère. Mais ce dernier sentiment n’était jamais chez lui de longue durée. Il pensa que tout ceci devait être attribué à un accident ou à une méprise. Il ne pouvait croire que personne fût assez méchant pour lui faire de la peine avec intention.

« Et d’ailleurs, se dit-il, si on l’a fait exprès, ce que j’ai de mieux à faire, c’est de ne pas m’en fâcher. Pardonner et oublier. »

Maurice se trouvait plus heureux d’avoir un pareil caractère que s’il eût possédé toutes les plus belles tulipes de la Hollande.

Ces fleurs étaient en grande faveur à cette époque dans le pays où demeuraient Maurice et Arthur. Il devait y avoir dans peu de temps à la ville voisine une fête florale, et un prix consistant en instruments de jardinage devait être donné à celui qui exposerait la plus belle fleur. C’était une tulipe qui, l’année précédente, avait obtenu les suffrages ; aussi un grand nombre de personnes