Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/206

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rait, ce qu’il faisait, combien il gagnait à ramasser des pierres.

« C’est aujourd’hui le premier jour que j’en ai cherché, dit Jean ; je n’en ai pas vendu une seule, et, si vous ne m’en achetez pas maintenant, madame, je crains bien de les garder toutes, car je les ai offertes à tous les passants.

— Approche, dit la dame en riant, je crois que c’est le cas de tout acheter. »

Et vidant elle-même les pierres qui étaient dans le panier, elle plaça une demi-couronne dans la main de Jean, qui, les yeux étincelants de joie, lui dit :

« Oh ! je vous remercie, madame. Je suis sûr de pouvoir vous en apporter encore demain.

— Bien ! mais je ne te promets pas de te donner une demi-couronne demain.

— Mais peut-être, quoique vous ne me promettiez pas, me la donnerez-vous tout de même ?

— Non, répondit la dame, détrompe-toi ; je t’assure que je ne te la donnerai pas : car, au lieu de t’encourager à travailler, je ne ferais par la que t’exciter à devenir un paresseux. »

Jean ne comprit pas ce que voulait dire la dame par ces paroles ; mais il lui répondit :

« Je suis sûr de n’être pas un paresseux. Je cherche à gagner quelque chose chaque jour, et je ne sais comment m’y prendre. Je ne suis point