Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/303

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frir ! C’est bien ce qu’elle disait : « Les femmes ne savent pas ce qu’elles font quand elles se marient, et si j’étais à recommencer !… » Elle avait bien raison. Il faut y regarder de près, ou ne jamais se marier, n’est-ce pas, mademoiselle Marianne ? »

Mlle Marianne, qui ne comprenait pas grand’chose à ce beau discours, se retourna vers son frère. Celui-ci étudiait avec soin le ton et le geste de Mlle Tattle, pour la contrefaire à son tour après leur visite.

« Mon frère, il faut maintenant nous chanter un air italien, comme miss Croker… Je vous en prie, miss Croker, faites-nous le plaisir de chanter un air italien. Mlle Thérèse Tattle n’a jamais eu la faveur de vous entendre, et elle en brûle d’envie.

— C’est vrai, » dit Mlle Thérèse.

Frédéric joignit ses mains d’un air affecté :

« Je vous remercie, mesdames. En vérité vous êtes mille fois trop bonnes. Mais je suis si fatigué que ce serait une pitié de m’obliger à chanter. Et puis je ne chante plus. Cela ne m’est arrivé qu’une fois cet hiver dans une réunion des plus intimes.

Marianne. Mais Mlle Thérèse n’est pas une étrangère. C’est une de nos bonnes amies, et je vous assure que vous pouvez chanter devant elle.

Frédéric. Assurément, madame, ce serait avec grand plaisir ; mais j’ai tout à fait oublié mes airs