Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/33

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pas le faire, car tu sais bien qu’il est incapable de rien refuser.

— Ah ! dit Loveit d’un ton piqué, tu te trompes, je refuserais bien si je voulais. »

Hardy sourit. Loveit, craignant le blâme de l’un et les plaisanteries de l’autre, n’osait lever les yeux. Il eut encore une fois recours à sa raquette qu’il balançait avec art sur son pouce.

« Voyez donc, voyez donc, s’écria Tarlton, avez-vous jamais vu dans votre vie un garçon si stupide ? Hardy le tient sous sa férule. Il a si grand’peur de maître Freluquet que, pour le salut de son âme, il n’ôterait pas les yeux de dessus son nez. Regardez donc comme il louche !

— Je ne louche point. Personne ne me tient sous sa férule, et, lorsque Hardy veut m’éviter une punition, il me prouve qu’il est mon meilleur ami. »

Loveit mit tant de feu dans sa réponse que tous les écoliers en furent surpris.

« Allons, retirons-nous, » dit Hardy en lui frappant sur l’épaule amicalement ; et il l’emmenait lorsque Tarlton lui cria : « C’est bien ! va avec ton meilleur ami, et prends garde qu’il ne te fasse faire quelque sottise. Que Dieu te garde, petite panade.

— Qui est-ce qui m’a appelé petite panade ?

— Ne fais pas attention, dit Hardy, cela ne signifie rien.