Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se promit de le traiter dorénavant avec bienveillance. Elle reconnut alors tous les services qu’il rendait, elle vit qu’il faisait tous les matins l’ouvrage de Félix, qu’il cherchait à se rendre utile en toutes occasions, et qu’en un mot c’était un bon et excellent serviteur.

Nous n’avons pas besoin de raconter ici tous les incidents qui se passèrent, pendant le mois d’épreuve, dans la maison de Mme Churchill, ni les différentes particularités de caractère que l’on remarqua chez les deux enfants ; nous avons hâte d’arriver à une circonstance qui décida de leur avenir.

M. Tirebouchon avait pris l’habitude, après souper, d’aller au cabaret pour y boire avec ses amis. Le cabaret était tenu par le cousin de la cuisinière, celui-là même à qui on devait porter le pâté froid, et qui devait envoyer du Cherry. Tirebouchon emportait la clef de sa chambre, de sorte qu’il pouvait rentrer à l’heure qui lui faisait plaisir, et si, par accident, Mme Churchill demandait après lui, Félix répondait par un de ces mensonges qui avaient répugné à la droiture de Franklin, et allait ensuite le chercher. Toutes ces précautions prises, le sommelier se livrait avec confiance à sa passion. Chaque jour il prenait la résolution de s’arrêter, mais chaque jour il augmentait ses libations, si bien qu’en peu de temps sa face devint