Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/9

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— Je vous remercie, monsieur Cox, mais je n’ai point affaire à Cork pour le moment, répondit M. Somerville d’un ton sec.

— Eh bien ! s’écria M. Cox, je ne demande plus rien qu’à connaître celui qui m’a calomnié auprès de votre honneur.

— Personne ne vous a calomnié, monsieur Cox ; mais votre nez vous accuse d’aimer un peu trop à boire, vos yeux noirs et votre menton écorché ne vous calomnient pas trop, en montrant que vous aimez les querelles.

— Les querelles ! moi un querelleur ! Ah ! n’en déplaise à votre honneur, je défie tous les habitants du pays, à dis milles à la ronde, de soutenir cela, et je suis prêt à me battre avec le premier qui osera dire que je suis un querelleur… ici même, en votre présence, à l’instant. »

Et M. Cox se mit dans l’attitude d’un homme disposé à soutenir son dire avec ses poings. Son geste menaçant fit sourire M. Somerville, et les gens qui s’étaient arrêtés dans la rue pour le considérer un moment témoignaient par leur hilarité de leurs intentions pacifiques. Alors il changea de contenance et chercha à se justifier de l’accusation d’aimer à boire.

« Quant à boire, n’en déplaise à votre honneur il n’y a rien de vrai. Mes lèvres n’ont pas touché une goutte de whisky, bon ou mauvais, depuis