Page:Edmond-Mandey-La Vertu d Alfred-1924.djvu/49

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Il lui avait pris la main et lui disait :

— Je vous en supplie… Julie… accordez-moi un baiser…

Et, calculant son effet, il la baisa chastement sur le front. D’abord…

Mais elle lui échappa, criant :

— C’est mal !… c’est mal !

Et il ne put aller plus loin ce jour-là…

Mais le premier pas était fait… si bien qu’un jour, ou plutôt un soir, elle se laissa embrasser même sur les lèvres, en lui disant timidement :

— Monsieur Paul… Je vous aime… Je ferai tout ce que vous voudrez…

Tout ce qu’il voulait… Son triomphe était complet. Il allait donc posséder cette jeune vierge et l’initier à l’amour…

Il la serrait contre lui, la pressait dans ses bras, lui disant :

— Ma chérie… Ma chérie !…

À ce moment la porte du salon où il se trouvait s’ouvrit et Alfred parut, un Alfred bien différent certes de celui qui était débarqué quelques mois plus tôt dans la capitale, un Alfred courroucé, indigné, qui s’écria théâtralement :

— Qu’est-ce que c’est, Monsieur… Qui vous à permis ces familiarités avec ma sœur ?…

Paul se sentait mal à l’aise… Nouveau Faust en face de ce Valentin de vingt ans, il ne savait que dire.

Alfred se tourna vers Julie :

— Et vous, Julie, pouvez-vous vous être laissé entraîner ainsi ? Retirez-vous et laissez-moi seul avec votre…

— Non… Alfred… Je jure…

— Avec ce Monsieur…

Et Julie sortit en cachant sa tête entre ses mains et se lamentant :

— Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !

Lorsque Alfred et Paul furent seuls, l’avocat avait pris un parti, celui de ruser :

— Monsieur, dit-il, mes intentions sont honnêtes… Je voulais seulement tenir de Mademoiselle votre cœur elle