Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/176

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vous suivrez un nouvel avis. Attendez huit jours encore, et si votre attachement pour Mietje résiste a ce délai, je vous promets de publier vos bans.

Au doute exprimé par le prêtre, Mark, comme pour protester, pressa tendrement la main potelée de la brunette et mit dans son long regard de velours la promesse d’une passion éternelle.

— Heu, heu ! dit le bonhomme, ne vous fiez pas trop à l’enjôleur, la dernière fois il faisait les mêmes yeux à l’autre.

Et il connaissait son bélier, le pasteur de Doersel !

Avant les huit jours révolus, Marcus remplaçait par la blonde Véva Mollendraf ses deux premières accordées et toutes ses précédentes amoureuses. Aussi jugea-t-il inutile de faire une troisième tentative auprès du curé. Il n’était pas de la farine dont on pétrit les maris.

Malheureusement, aller à la maraude devenait périlleux.

Tant que mon braconnier n’avait englué que des faneuses et des vachères, les notables paroissiens se gaussèrent des victimes, une espèce peu intéressante, des coureuses à qui Marcus faisait beaucoup d’honneur. Mais du moment que les juvéniles héritières des gros terriens, leurs baezines, leurs sœurs, leurs promises se compromirent avec ce cochet comme la plus infime des filles de basse-cour, on ne badina plus. Les rivaux évincés, les époux dépossédés de leur privilège, s’ameutèrent contre ce suborneur. Il se mit à dos les porte-culottes pour ne pas dire les mâles de toute la région. Ce n’était qu’un cri après lui. Pas plus qu’il n’avait eu