Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/210

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Et Stann se sentit embrassé à la fois par trois paires de petits bras qui le câlinaient à l’envi. Il ouvrit les yeux, plein de reconnaissance pour les messagers de la Bonne Nouvelle, et reconnut alors seulement dans ces anges lutins et enjôleurs, ses trois élus : Rik, Pol et Mitje.

Derrière, leur mère, la bénigne Anneke, souriait. Ô bonheur ! Il se trouvait chez lui, à Langdorp, entouré des siens.

Comme il les embrassa, les attira encore, les rappela, sans pouvoir se résoudre à les lâcher !

— Oui, Noël, répétait-il, exultant, un gai Noël à toi, femme !… Et un Noël qui comptera. Vite mes beaux effets des kermesses… que je m’habille… Allons d’abord à l’église où je prononcerai le serment… le serment de ne plus entonner, de ma vie, bière ou liqueur, qu’en ta réconfortante compagnie et à la santé de nos petits.

Oui, je veux être, moi terrassier, à la fois bûcheron, scieur de long et menuisier comme cette nuit si je manque à mon serment. Tu ne comprends pas, femme. Je te conterai cela plus tard.

En attendant, ajouta-t-il en retirant du fond de sa poche trois pièces d’un franc, voilà pour fêter ce soir le joyeux Noël, avec des saucisses, des couquebaques et de la double brune… tu sais de la double brune de chez Nand Meivis.



FIN