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LES FUSILLÉS DE MALINES

devant la métamorphose de cette gent placide et moutonnière en avaleurs de charrettes ferrées, le receveur ahuri leur délivre les contributions encaissées. Et plus tard on imputera ces extorsions considérables aux bandes rurales.

Pendant que les blousiers se partagent les quelques maigres cent francs trouvés à la Recette, un chasseur français, dépêché en estafette par Béguinot, rentre à cheval par la porte de Louvain et, ne remarquant rien d’anormal sur son passage, car tout le mouvement converge au cœur de la ville, trotte sans méfiance jusqu’à la Grand’Place, où se tient le marché.

Mais ce n’est pourtant pas jour de marché ! se dit le cavalier en trouvant le centre du pavé occupé par un fort rassemblement de campagnards. À mesure qu’il approche, il constate l’absence des carrioles maraîchères à bâches blanches ou des petites charrettes de laitier alignées généralement aux quatre côtés de la place. Pas un bidet broyant le picotin dans les mangeoires devant les hôtelleries, pas même un chien de trait lapant la potée d’eau