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LES FUSILLÉS DE MALINES

tirer en l’air. Et le chasseur a tourné depuis longtemps le coin de rue que des fusils continuent à partir. Seul le bruit de ces détonations, véritables salves d’honneur, lui parvient, tandis qu’il regagne les champs par la porte de Diest.

Si les paysans répugnent au meurtre et à des attentats contre les particuliers, pareils scrupules n’arrêtent pas une certaine catégorie de perturbateurs, populace louche, racaille intestine, pouacres vicieux, tourbe infâme, que l’agitation a fait remonter comme une lie à la surface, et qui comptent profiter du soulèvement pour satisfaire leurs appétits de cannibales. Des figures hâves et flétries, véritables larves humaines, se glissant dans les groupes de campagnards, s’efforcent de les débaucher, d’allumer leurs convoitises et de faire dégénérer le mouvement patriotique en saturnales et en pirateries. Ils sont prêts à enchérir sur les pires exploits des septembriseurs. Leurs tentatives de corruption échouent partout, mais leur audace augmente avec leur nombre au point qu’ils pourront bientôt se contenter de leurs propres forces et ne