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LES FUSILLÉS DE MALINES

grange, semait, labourait ou moissonnait, suivant la saison, et Willem la Taupe, fils de notable, principal clerc de la paroisse, aidait son père dans la direction de leur terme.

Ils prolongeaient leur critique veillée, quoique neuf heures eussent sonné depuis longtemps à l’horloge de chêne. Par égard pour de bons clients et d’intimes coreligionnaires, le baes ne les engageait pas à se retirer. Énervé lui-même, par les influences ambiantes et les occultes présages, il ne tenait pas en place, bâillait ostensiblement, toussait avec éclat, mouchait à tout bout de champ la chandelle. Il venait de clore les volets et de tirer les verrous, lorsque des pas s’arrêtèrent sur le seuil, au dehors, et qu’on frappa violemment à la porte. Nos quatre songeurs sursautèrent et se redressèrent sur leurs pieds. Les avait-on dénoncés ? Les patrouilles républicaines s’aventuraient rarement dans ces écarts encore mieux défendus par leur aridité que par leur esprit incompatible. Le baes souffla le lumignon. En s’effaçant contre le mur, dans l’angle de la porte, les gars retenaient