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II
Dans les grandes forêts, au parfum des écorces,
Dans cet air âpre et pur où vous trempez vos forces,
Que belle est votre vie à vous tous bûcherons !
Ces bois où vous errez à travers les grands troncs,
Les émanations des clairières lointaines,
Et ces longues chansons que disent les fontaines ;
Tous ces bruits étonnants, étranges, inouïs,
Dans les vieilles forêts le soir épanouis,
A vos jours inconnus donnent un charme étrange
Qui vous fait refuser la couronne en échange.
C’est que tout au-dessus de vos vierges forêts,
Au-dessus des vapeurs qui montent des marais,
Au-dessus des grands vents qui dans les solitudes
Arrachent les sapins de vos rocs hauts et rudes,
S’étend calme et limpide en sa virginité,
Ce baptême de Dieu qu’on nomme liberté !
Vous couchez sur la mousse à l’ombre des grands chênes,
Fiers et libres, au bas des collines prochaines,