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Mon enfance a grandi sur elle repliée,
Et les soufflets ont clos ma bouche humiliée.
IV
À quatorze ans j’ai fui le seuil où j’étais né,
J’ai cherché dans l’exil un sort plus fortuné,
Pauvre et fier vagabond, j’ai traîné ma sandale
Jusqu’aux pays brumeux où dort le Kamtchadale,
Au travers des forêts, sous l’orage ou le vent,
Dans les ravins des monts où j’ai dormi souvent,
Dans les bourgs ignorants, dans les cités fangeuses,
J’ai porté, toujours seul, mes douleurs voyageuses.
V
J’ai marché, tour à tour, à travers les palais
Où croupit sous les pieds la fange des valets,
Au travers des cités où la bête de somme
Vit loin des chariots où l’on attèle l’homme ;
Les âpres vents du nord et les feux du midi
Ont bronzé ma poitrine où l’orage bondit,