Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/130

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La nature frissonne aux baisers du soleil,
Le chant du jour renaît à l’horizon vermeil,
Les enfants prosternés dans les temples paisibles
Me réchauffent le cœur de leurs chants invisibles ;
Les forêts et les mers versent sur les cités
Le cantique sans fin de leurs flots agités ;
Tout chante, tout renaît ; de suaves haleines
Pleines de doux parfums palpitent dans les plaines,
Et l’humanité semble au milieu du ciel bleu
Poser un long baiser sur le grand front de Dieu.

Oh ! mon âme a brisé son trop long crépuscule,
Le vin de la jeunesse en mes veines circule,
Je n’ai que vingt-un ans, je veux croire à l’amour,
Comme Goethe, je dis : Du jour ! encor du jour !
Je veux fouler aux pieds mon cynisme factice ;
Oh ! non, il n’est pas vrai que l’amour rapetisse ;
La femme trompe et meurt, mais l’amour est divin,
Et nul être ici-bas ne l’a maudit en vain.
C’est la fête de Pâque où l’âme renaissante
Sort comme Jésus-Christ de la tombe impuissante,