Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/157

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Dans les steppes sans fin que le Russe parcourt.
Dans la vieille Allemagne aux cités studieuses,
Où le rêve au foyer en souriant accourt
Ouvrir aux yeux du cœur ses forêts radieuses ;

J’ai promené partout ma lyre et mon bâton,
Même dans les forêts vierges du Nouveau-Monde,
J’ai frayé mon chemin, de la hache, à tâtons,
Sous les arbres géants que nulle main n’émonde.

Les racines sans fin du vaste baobab
Ont gardé mon sommeil du souffle de l’orage,
Pendant qu’un tigre noir que chassait un nabab
Pleurait dans le lointain ses hurlements de rage.

Pèlerin sans amis, voyageant pauvre et seul,
Sous tous les cieux connus j’ai passé solitaire,
Et j’ai senti partout, comme un sombre linceul,
S’étendre sur mon cœur une tristesse austère.