Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/38

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Sur ce sol vierge encor de l’humain anathème,
J’essayai de crier dans un effort suprême :
Jéhovah ! Jéhovah !

Mais rien ne répondit à ma voix déchirante
Que le vent qui passait dans la nuée errante.
VI
Épuisé, je tombai sur la neige muette,
Je sentais dans mon cœur se figer tout mon sang ;
Un poids vague et pesant s’affaissait sur ma tête ;
Mes lèvres haletaient sous mon souffle impuissant ;
Mais recueillant en moi ma croyance stoïque,
Je fis pour me lever un effort héroïque,
Et ma voix acheva
Dans un râle fébrile un dernier cri d’angoisse,
Et je murmurai comme un mourant que l’on froisse :
Jéhovah ! Jéhovah !

Un long éclat de rire en la nuée errante
Seul répondit alors à ma voix déchirante.