Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Où les marchands forains étalent leurs estampes.
Que les flots capiteux d’un vin vieux et vermeil
Pétillent dans la coupe où les bouches aspirent ;
Que tous les cœurs meurtris qui dans l’ombre soupirent,
Se taisent pour chanter l’amour et le soleil.

Car c’est un fait certain, que l’oseille et les pois
Poussent dans les jardins à la saison nouvelle,
Et que les épiciers préparent leurs empois
Pour durcir les faux-cols où l’homme se révèle ;
Car il faut au printemps mettre tous les deux jours
Une chemise fraîche, ainsi qu’un faux-col vierge ;
Attendu que le linge où notre corps s’héberge,
À la sueur des reins se noircira toujours.

En avant ! en avant ! Allons dans les prés verts,
Au bord du doux sentier qu’ombrage la charmille,
Manger des boudins frais et réciter des vers,
En cueillant des muguets et de la camomille.
Aux émanations qui montent des guérets
Allons tremper nos reins qu’a délabrés la ville ;