Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/59

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XXII
Il se promit d’aller sa route douloureuse
En dérobant à tous sa vie aventureuse ;
Il se tut devant l’homme et pleura devant Dieu.
Mais il dit à la gloire un invincible adieu,
Car sa main ne voulait cueillir la renommée
Que pour l’épanouir sur une femme aimée,
Et pour cicatriser son cœur sanguinolent,
Il se mit à courir en chanteur ambulant.
XXIII
Cachant de sa douleur l’incurable cautère,
Sous tous les cieux connus il passa, solitaire,
La harpe sur l’épaule et le bâton en mains
Ossifiant son cœur au vent des grands chemins.
Mais il aimait toujours. Cet amour invincible
Rouvrait à chaque pas sa blessure irascible.
Il allait vers la mort d’un pas désespéré,
Calme, le front serein, mais le flanc déchiré.