Page:Einstein - L'Internacia, trad. Demonget, 1889.djvu/35

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| Das Obst abnehmen. || Cueillir le fruit. |- | Das Geld im Spiele abnehmen. || Gagner au jeu. |- | Die Tage nehmen ab. || Les jours décroissent. |- | Einen Eid abnehmen. || Faire prêter serment. |- | Die Speisen abnehmen. || Desservir les viandes. |- | Etc. || Etc. |}

Sans doute, dit Jules Ponge, à qui j’emprunte ces exemples, la langue allemande est plus riche que la langue française, mais cette richesse n’est pas tant dans les mots, que dans la construction, la langue allemande n’admettant pas l’inversion aussi fréquemment que la langue française.

Ainsi, par exemple, la synonymie française de Auguste Waldow, arrangée par Girard, Roubaud et Boiste avec des exemples de 214 des meilleurs écrivains français, ne comprend pas moins de 2,000 mots français pour lesquels il n’y en a en allemand que 700 environ ! Le français a, par exemple pour le mot allemand Augenblick deux expressions à sa disposition, moment et instant. Celui-là a une signification plus large que celui-ci ; celui-là désigne le temps en général ou l’époque d’une action, celui-ci la durée de temps la plus courte. Prenons le mot Kugel ; le français a plusieurs manières de le traduire : boule, boulet, balle, bille, ballotte, etc., mais boule signifie une boule en bois pour jouer aux quilles, ou bien une boule au pied d’une armoire ou sur le haut d’une tour, etc. ; boulet, c’est l’engin de guerre (canon) ainsi que balle (fusil), etc. ; bille, c’est la bille pour jouer au billard et une ballotte c’est la petite balle qui sert à donner les suffrages. D’une façon inverse l’allemand emploiera quelquefois une douzaine de mots là en français une seule expression est employée, ou pour mieux dire, peut-être, suffit.

Ainsi le verbe mettre (se mettre) pourra se traduire en allemand par : legen, setzen, stecken, biegen, werfen, anziehen, aussetzen, anlegen, ziehen, ablegen, anfangen, sich Kleiden ; faire par : machen, thun, schaffen, bauen, weben, verursachen, anrichten, etc. Pour machen et thun, le français n’a du reste que le mot faire et cependant avec ces deux mots l’allemand exprime des différences très délicates, sans conscience, il est vrai. On peut même à ce sujet interroger les esprits que l’on est convenu d’appeler culti-