Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/100

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La cloche sonnait à la pointe de la jetée, sans répit, à longs coups espacés comme ceux d’un glas, et parfois s’emballait dans une volée haletante où l’on sentait toute l’exaspération d’une main nerveuse.

On entendait la cloche depuis le matin dans le village silencieux, mais sans la voir, parce qu’elle tintait là-bas, sur l’eau, parmi la brume. Elle sonnait en mineur, sans défaillance, régulièrement ou par grande secouée, et la tombée constante de la note lugubre dans le calme sourd serrait le cœur et faisait frissonner.

Le brouillard était venu dès dix heures avec le prime flot. Sous un ciel bas et fumeux, taché d’une lueur diffuse à l’endroit du soleil, sous un ciel de janvier bien qu’on ne fut qu’en novembre, une buée lourde avait soudain paru, s’avançant rapidement du fond du large, emportée, semblait-il, par un grand vent. Et elle effaçait tout sur son passage, le point noir des barques au loin, le champ infini de la mer glauque, les tours jumelles du