Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/129

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lentilles de deux mètres apparurent avec leurs échelons et leurs disques de cristal ; puis il poussa l’appareil qui tourna sans bruit sur sa cuve de mercure, en emportant une lumière d’argent dans ses glaces. La Gaude était impressionnée. Jean-Baptiste triomphait dans ses explications. Il lui fit pousser l’appareil à son tour, en lui tenant la main. Et elle s’amusa « parce que c’était très lourd et que ça marchait tout seul ».

L’horizon, élargi pour leurs yeux élevés, découvrait Noirmoutier dans le sud-est. Mais sous eux l’îlot n’était plus qu’un caillou oblong au milieu des eaux solitaires et agitées tumultueusement à perte de vue.

La Gaude resta un moment silencieuse, saisie par la solitude. Autour d’elle régnait la mer, jusqu’aux limites de son regard, jusqu’au ciel, si vaste et si coléreuse que le Pilier semblait un dérisoire refuge qu’elle pouvait anéantir d’une seule charge de ses houles.

— On est quasiment abandonné… dit-elle d’une voix triste.

Mais le gars de riposter gaîment :

— Je suis-t’il point là pour te tenir compagnie !

Alors ils redescendirent à la chambre des placards.

Sur le palier Jean-Baptiste prit la Gaude à la