Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/137

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Jean-Baptiste partit au pas gymnastique en butant sur le sol inégal. À la porte du sémaphore, il heurta violemment. On ouvrit presqu’aussitôt en demandant :

— De quoi que n’y a ?

Il vit deux jambes nues au haut des trois marches de l’entrée et leva son fanal. C’était la Gaude dans une grosse chemise de toile plissée au cou, et derrière elle la chambre soudain ouverte sentait le chaud et la bête.

Jean-Baptiste sourit niaisement et expliqua :

— C’est un navire qui a coulé dans l’ chenal du sud ; va y a voir du sauvetage…

Une voix grogna au fond de la pièce :

— Je l’avais ben dit en entendant la sirène.

Et comme Jean-Batiste demeurait au seuil, le fanal haut, la voix reprit :

— C’est bon ! on y va !

Il s’en retourna à regrets. À la pointe de l’îlot, Sémelin rôdait dans les roches, tendant sa petite lumière au-dessus de l’eau où elle se mirait en dansant et poussait par intervalle un long cri :

— Ohé ! oh !

Le froid était vif et l’embrun que le ressac lançait au visage cuisait comme une brûlure. La mer poursuivait paisiblement son grand ramage par-dessus lequel on entendait siffler des oiseaux dans