Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/162

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son homme n’était pas méchant au fond, quand elle l’avait vu bien mort. Qui aurait dit que ça l’aurait retourné ce vieux, de ne plus avoir ses femmes pour taper dessus !… Enfin c’était tout de même une grâce du bon Dieu qu’il fût parti, car vers la fin il devenait brutal et mangeait tout.

Jean-Baptiste écrivit la nouvelle à ses frères et sœurs :

« C’est notre pauvre père qu’a défunté en se pendant tout net au plafond, à cause de la mère qui l’avait quitté. Il était noir comme un charbon quand on l’a décroché et il a point revenu ; alors le curé l’a béni, et il faudra bien prier pour lui… »

Et cela s’en fut jusqu’à Paris et jusque dans les mers de Chine.

Puis Jean-Baptiste fit son sac. On lui avait offert de prolonger son congé, mais ayant retrouvé le collier dans une poche, il refusa net et se disposa. Sa mère ne chercha pas à le retenir ; elle lui avait tiré son dernier sou.

— Faut t’ n’aller gagner ta vie, dit-elle, on a si tellement besoin d’argent !

Mais la Louise rôdait autour du grand frère, inquiète de son départ et gonflée de questions qui finirent par échapper :

— Pour qui c’est donc l’ collier qu’ t’as achté ?

Flatté par la convoitise de sa sœur, Jean-Baptiste sourit, mais ne répondit pas. Elle insista :