Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/164

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— On sait ben qu’c’est pour la Bourrache, grand galvaudeux !

Celle-là, Jean-Baptiste l’avait évitée depuis deux jours dans la crainte qu’elle ne réclamât son cadeau. Mais le soir, comme il la rencontra sur la jetée où il allait une dernière fois voir la pêche, il la prévint :

— Tu sais, avec la mort du vieux, j’ai oublié ta surprise.

— J’ t’en veux pas, mon pauvre gars, dit-elle doucement.

Puis elle ajouta en souriant du coin des yeux :

— J’ons d’aut’es souvenirs, pas vrai !

Le phare était vague là-bas sur l’horizon, et l’îlot qui lui sert de socle s’abaissait dans une vapeur dorée au ras des flots. Jean-Baptiste lui envoya un regard comme une flèche et demeura longtemps à le contempler, en sifflotant, une main dans la poche où il cachait, ainsi qu’un secret, son collier de perles ardentes.

Le coucher du soleil avait, ce soir-là, un lustre automnale comme il arrive parfois que d’une saison à l’autre, des jours semblables jusqu’en leur atmosphère, se répètent en mystérieux écho. Le grand ciel ouaté, qui se mouvait tout d’une pièce, s’était arrêté, ouvert, et du soleil avait coulé à flot sur la mer calme. Et maintenant, la lumière rejaillissait sur l’océan frappé, des brumes cernaient