Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/17

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tions. Et à mesure que le bateau grandissait, il le couvrait d’huile claire qui nourrit le bois et contient les tanins du chêne.

C’était déjà l’été. Le soleil chauffait comme un four le chantier, dont les parois en planches craquaient et tendaient sous l’effort tranchant des rayons. Le goudron fondu dans les marmites, la résine amollie du sapin sentaient âcrement par-dessus l’odeur verte des bois frais. Près de la fenêtre, les cerises écarlates luisaient dans l’atmosphère vibrante ; et à l’opposé, du côté du port, sur la cale qui penche vers l’eau calme liserée de sel, la vase pâlissait à sécher et se craquelait comme le vernis d’une faïence.

Sans souci de la chaleur, Urbain Coët, le béret sur les yeux, avait empoigné le pinceau et badigeonnait. François, allongé dans les copeaux, rabotait mollement en criant de soif.

Son fils guettait à la fois les paisses autour du cerisier et la marée pour estimer son rapport ; grand-père bûchait.

Et Julien Perchais entra dans une bouffée de soleil, s’arrêta, les bras croisés, en balançant son buste d’hercule, droit en face de la barque fière, et regarda, les paupières clignées.

Le père Goustan monta vers lui, sans hâte, et la tête levée pour saisir l’approbation sur le visage du colosse qui le dominait depuis le coude :