Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/186

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apaisée au jusant. La vie coutumière reprenait. Les hommes retournaient en confiance à l’océan, après cette grande colère où il avait sûrement tué des hommes, et les barques recommençaient la lutte où leur bois crie et se démembre jour à jour.

Sémelin dégageait la galerie du phare. Jean-Baptiste et la Gaude descendaient à la plage tout imprégnée de soleil. La mer se retirait, abandonnant des lianes vertes, des rouleaux de fucus roses, des laminaires gaufrées, et des seiches flasques, aux tentacules gluantes, dont le ventre luisait comme un moulage de stuc.

— V’là ton homme, fit soudain Jean-Baptiste.

La Gaude se retourna et aperçut, aux enfléchures de son mât, Gaud qui regardait. Elle haussa les épaules.

— Tu sais qu’il a jeté ton collier !

Jean-Baptiste grogna :

— Faut monter ! Il nous fichera donc point la paix !

— J’ t’ai promis pour ce soir, dit-elle.

Sur la falaise, elle chargea son tablier d’oiseaux et s’éloigna, tandis que Jean-Baptiste relançait à toute gorge, d’une voix qui portait mieux dans le calme :