Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/213

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Il attendait le retour et l’arrosage du jardin, dans quoi s’absorbait le brigadier, pour s’évader et courir se battre avec Olichon par manière de dédommagement.

C’était son rival à tous les exercices et il tirait de la fierté de ce que son père l’emmenait à bord du Secours de ma vie en qualité de mousse. Aussi bien traita-t-il P’tit Pierre de capon le jour qu’on lui interdit la mer ; et la vengeance fut entre eux. Leurs batailles devinrent terribles. Ils se mirent en loques et en sang. Plusieurs fois le brigadier dut intervenir et rentrer chez eux les combattants.

— Tâche donc de garder ton gars, dit-il à Olichon, ils vont s’tuer !

Mais l’autre rétorqua sans trouble :

— Ils n’en f’ront pas davantage.

Alors Bernard consigna son fils près de lui, au jardin.

P’tit Pierre fit naviguer des sabots dans le baquet, sous les rocailles, et le vida aux trois quarts en simulant la tempête. Bernard jura, la mère s’interposa et P’tit Pierre réclama les jouets que son père avait promis.

— J’vais pus en canot et tu m’les a pas donnés !

— C’est ben vrai qu’il a rien pour s’amuser, dit la bonne femme.

— J’ vas t’en faire, j’ vas t’en faire ! cria Bernard.

— Quoi ? dis quoi ?