Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/220

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Tonnerre s’y engage avec assurance, une main au garde-fou, son chien Tempête sur les talons.

Tapis derrière l’abri de sauvetage, les enfants se tendent d’épouvante et de contentement à la fois. P’tit Pierre est là, le premier, qui regarde. Des pêcheurs les rejoignent, pour voir aussi.

La mer est d’un vert noir sous la nue basse. Les grandes houles creuses se précipitent du large en déferlant l’une sur l’autre. Autour de la digue et des roches, tout est blanc avec des éclats qui dansent et de l’écume qui vole, emportée par le vent jusqu’au village. Dans le port, l’eau roule à grosses ondulations sous les barques, monte et baisse le long des cales en flaquant.

Le tumulte étouffe la voix de Tonnerre qui crie dans la bourrasque. Il avance toujours en gesticulant. On voit sa barbe passer par-dessus son épaule dans les coups de vent et son paletot battre derrière lui. L’homme et le chien chancellent à chaque pas. Il y a des embruns qui les couvrent en entier. Ils avancent toujours.

À terre, la foule les tient des yeux sans parler. Les mêmes émotions serrent toutes les poitrines : la crainte de voir le vieux fauché, s’assommer contre le granit, et l’enthousiasme pour sa folie héroïque.

Tonnerre est au bout de la jetée, près du bâti de