Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/238

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dans le courant vaseux de l’estuaire qui l’entraîna. Sur les cuirassés, mouillés en grande rade, des matelots défilaient au son du tambour et du clairon, comme dans une caserne. P’tit Pierre regardait la ville merveilleuse qui s’éloignait rapidement de lui, avec ses cheminées, ses mâtures, sa grue gigantesque. Le Laissez-les dire trouvait du vent dehors et fuyait plus vite.

Ce fut par le travers de Saint-Gildas que le flèche engagea dans un changement d’amure. L’équipage regardait en l’air, quand P’tit Pierre empoigna le mât et grimpa lestement jusqu’à la pomme. Là-haut l’amplitude des oscillations menaçait de l’arracher. Au-dessous de lui, la barque n’était plus qu’une planche étroite. Il descendit dans les acclamations.

— Bravo l’mousse ! bravo !

— J’te garde à bord si tu veux, dit Perchais.

Rouge de joie, P’tit Pierre accepta follement :

— Oh oui ! oui !

À l’Herbaudière, comme il aidait à carguer la voilure, il fut surpris de retrouver son père qui l’appelait sur la cale. La mère Bernard était là aussi, toute bouffie de satisfaction.

— T’as fait bon voyage ? As-tu dormi au moins ?… Et Florent ?… Il est bien, Florent ?…