Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/284

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teinture, un coffre pour le pain et leur endurance stoïque suffisent aux hommes pour battre l’océan à des centaines de milles de chez eux, dans les hivers mauvais où il n’y a plus de sardines.

Race sauvage, pirate, nombreuse parce que la mer est là, où l’on travaille par famille sur chaque bateau qu’il faut des bras pour mener ; race endurcie de cœur et de muscles, pénétrée par le socialisme où elle ne voit qu’une libération de la force ; race trop gâtée d’alcool, les bretons sont redoutés sur la côte vendéenne où ils s’abattent en suivant le poisson voyageur.

À terre ils pillent les champs, les bois, les poulaillers, et même les charniers des fermes que les femmes sont impuissantes à défendre. On a vu l’île d’Yeu vendangée dans une nuit. Et les portes closes, les chiens et les gendarmes ne suffisent pas à les tenir en respect.

Le village était envahi par les vareuses brunes. Un bruit continu de galoches roulait sur la jetée où déambulaient les gars silencieux, le béret en pointe sur le front. Dans le port, d’où monte une rude senteur de pourriture et de rogue, de jeunes hommes se baignaient dans des flaques de lumière. D’autres, assis les jambes pendantes au bord des cales, contemplaient indéfiniment la mer devant eux.

Chez Zacharie on buvait à pleine table en mâ-