Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/291

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— Tout de même, fit Clémotte, les Bernard ont de la guigne !

— Et ils savent point ? demanda Viel.

— Sûrement qu’ils savent point !

Ils restèrent pensifs autour du journal. La fille à Zacharie, qui avait entendu, conta la chose à sa mère. Elles allèrent ensemble regarder P’tit Pierre qui travaillait gaîment à l’atelier, et, sans rien dire, partirent bavarder dans le village.

Quand Bernard sortit de chez lui, des têtes le guettaient aux portes. Il ne les remarqua pas et descendit vers le port rejoindre les vieux. Mais il n’y avait que le douanier de service, bâillant sur la cale. Alors il contourna l’abri de sauvetage et monta au XXe Siècle.

À son entrée dans la salle les hommes se taisent, lui rendent à mi-voix son salut. Leurs poignées de main sont indécises et prolongées à la fois, et leurs yeux se dérobent. Bernard éprouve, à tous ces signes, une impression pénible, mais s’efforce de plaisanter.

— Ben quoi, on complote dans les coins ?

Personne ne rit et Clémotte, ramassant le journal sur la table, dit au brigadier :

— Mon pauv’ vieux ! t’as point de chance !

Alors tous parlent à la fois :

— Pour sûr… C’est un malheur… Qui qu’aurait cru…