Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/299

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du bras. Cul-Cassé le palpait d’un doigt connaisseur quand la mère Bernard surgit en appelant son gars.

— Tu penses seulement point à Cécile ! elle est à pleurer chez nous !

P’tit Pierre protesta en rougissant et rentra derrière sa mère. À la maison Cécile frottait ses yeux humides à pleins poings devant la table où s’alignaient une miche, du beurre et du fromage. Elle sourit en voyant P’tit Pierre, lui sauta au cou et devint bavarde.

— Mon p’tit gars, dit la mère, faut casser la croûte, car tu sais point quand tu mangeras après ?

Le ballot de P’tit Pierre, enveloppé d’un mouchoir à carreaux, attendait là sur une chaise. Lui avait ses souliers neufs et sa casquette propre. Il mangea silencieusement sous les regards des femmes attentives à le soigner. Le brigadier demeurait pensif, les bras croisés. À la fin, ils trinquèrent tous, sans dire leurs souhaits, ce qui les rendit plus unanimes et plus profonds.

Perchais poussa la porte, emplissant la baie de sa vaste carrure.

— Allons le gars, il est temps, dit-il ?

La mère glissa le reste du fromage et du pain dans la poche de P’tit Pierre. Cécile l’attira dans un coin et lui tendit un foulard qu’elle tira de son corsage.