Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/43

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La peau tannée de Double Nerf rougit et se tendit à l’effort du sang ; il se ramassa, le poing massif comme un bélier et riposta :

— Dis rien, nom de Dieu ! ou je te défonce comme ça !

D’un seul coup il troua la cloison dont les planches éclatèrent. Du soleil tomba par la brèche ; le poing de l’homme saignait goutte à goutte.

Les femmes se rapprochèrent curieuses, et dirent :

— Il est saoul !

Le père Olichon, Bernard et Labosse essayaient de le calmer, les autres regardaient, intéressés. La Marie-Jeanne, craintive, s’était levée en ramassant ses enfants dans ses jupes.

— Double Nerf a raison, déclara Perchais, Coët le met à défi et nous tous de même !

— Y a pas de quoi l’assommer ! cria Olichon, Coët se débrouille et vous êtes jaloux !

Ils rigolèrent en montrant leurs dents jaunes gâtées par le tabac et lâchèrent :

— Jaloux ! on s’en fout pas mal !

Mais Double Nerf, de plus en plus excité et soutenu par Gaud et Perchais, continuait à gueuler :

— J’aurai sa peau à c’te fils d’ vesse ! J’aurai sa peau !

Urbain s’était remis à huiler son mât avec un