Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/55

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Le Dépit des Envieux était à son mouillage, dans l’abri de l’Herbaudière. Urbain Coët avait établi son corps-mort derrière le double rang de chaloupes parallèle à la jetée, et du côté de terre, en sorte que, de sa maison, il pouvait avoir sa barque à l’œil. Le vieux canot, avec lequel il pêchait les cancres et la lubine dans les rochers de l’île, remis à neuf et peint aux couleurs du sloop, était amarré à son flanc, comme un petit serré contre une mère. Et toutes les autres barques avaient également, autour d’elles, une ou deux petites embarcations qui jouaient sur les houles sans jamais s’écarter.

La brise d’ouest qui soufflait le jour du lancement avait forci au décroit de la marée. Les drapeaux des usines vibraient, sur les drisses arquées. La nue, fumeuse, dérivait d’une masse vers l’est et montait sans cesse de l’horizon où la mer était noire. Plus près, des moutons mêlaient à son vert profond leurs cabrioles blanches. La mer remplissait l’air de son bruit, criait en écumant dans