Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/88

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l’autre, fait éclater d’un coup, à la chaleur du sang, le vernis des éducations.

Bord sur bord, au louvoyage, Coët a gagné Perchais. Mais le Dépit des Envieux double trop largement la bouée de Pierre-Moine et Perchais en profite pour essayer de passer sous lui. Les deux équipages se guettent de tous leurs yeux, écoutes en main, prêts à virer à l’ordre. D’une poussée, le Laissez-les dire s’engage sous le concurrent. Quelques brasses séparent les sloops, et la grande ombre du Dépit des Envieux s’abat soudain sur le Laissez-les dire en masquant à la fois le soleil et le vent. La voilure de Perchais faseye ; sa barque se redresse, tangue, perd sa vitesse. Il porte la barre au vent et hurle :

— Envoyez !… File les focs ! file !

Les écoutes battent le pont à coups secs ; les voiles claquent comme des tentures, mais le sloop étalé incline à peine sur babord. Il est trop tard. Le Dépit des Envieux déploie son abattée, les focs portant plein et tombe d’une masse sur le Laissez-les dire. Coët n’a rien fait pour éviter la collision : Perchais est dans son tort et lui devait la place.

Les deux barques se heurtent. La mer bouillonne un instant entre elles et rejaillit en gerbe. Une secousse, un craquement. Le bout dehors rompu du Laissez-les dire tombe à la mer en entraînant le foc.