Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Alors, le père Couillaud, qui se triture le nez avec ses prises depuis le commencement des régates, émet une sentence aux oreilles de sa fille :

— Ton homme est ostiné, c’est vaillant !

Maintenant le Dépit des Envieux se détache seul devant son abordeur. Lentement sa haute voilure se charge de vent, s’incline, d’un effort répercuté dans les nerfs tendus des spectateurs, qui mesurent avidement la distance croissante entre les deux barques. Le sloop qui court au plus près vers la terre semble un grand aileron noir jailli de l’océan, sorte d’immense faux pointée au ciel, parce que ses voiles en enfilade ne montrent que leur côté ombreux ; et il avance, rapide, tranchant, soulevé par secousses aux heurts des vagues.

Coup sur coup le Secours de ma vie et L’Aimable Clara dépassent le Laissez-les dire en avarie à la bouée. Par moment une explosion blanche fulgure à l’avant des barques, du côté du soleil, éclatement d’écume qui les couvre jusqu’au mât ; car, bien que la brise mollisse un peu, les crêtes neigeuses dansent toujours, naissent et meurent avec des caprices de flammes, sur la mer crue où la lumière pèse à l’horizon, comme une vapeur.

Les mortiers bombardent devant le jury chaque fois qu’un vainqueur coupe la ligne. À bord, les hommes répondent à toute poitrine, les casquettes sautent, les bras trépignent et dans la même dé-