Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/94

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souffle de colère emporta les raisons. Les équipages étaient face à face, les poings prêts, réclamant justice et s’insultant tout à la fois. L’envie haineuse avait trop fermenté au sang des hommes dans cette journée de défi, et la bataille terrible qui menaçait depuis le matin allait éclater sans merci. Des messieurs, le maire s’interposèrent :

— Allons, mes amis ! mes amis, du calme !…

— Le premier prix à Coët ! jeta une voix.

Mais le caraco rouge de la Gaude parut hors des rangs.

— S’ils sont déclassés, Perchais et Coët, c’est nous les premiers, dit-elle.

Un yachtman cria « bravo ! » d’enthousiasme et le maire approuva en souriant à la belle fille :

— Avec un matelot comme ça on se passerait de mousse !

La meute des pêcheurs grondait par derrière, discutant l’abordage, les avaries, la grand’voile trouée, le bout-dehors rompu. Perchais demeurait immobile les bras croisés, au pied d’un poteau ; et la Marie-Jeanne tirait vainement son homme pour l’entraîner. Urbain Coët semblait très calme, mais il voulait rester là jusqu’au bout, crânement.

Les Goustan se montraient les plus indignés, et tout soudain le grand François lança parmi les vitupérations :