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XVII


Par une belle soirée du mois de juillet, Deronda canotait sur la Tamise. Depuis plus d’un an déjà, il était revenu en Angleterre, persuadé que son éducation était terminée et qu’il pouvait désormais tenir sa place dans la société ; mais, quoique, par déférence pour sir Hugo et pour bannir l’oisiveté il eût commencé l’étude du droit, cette apparente décision n’avait eu pour résultat que de le plonger plus avant dans l’indécision. Son ancienne passion pour le canotage s’était réveillée plus vive que jamais depuis qu’il était revenu à Londres avec les Mallinger, car il ne pouvait trouver que sur la rivière la tranquillité parfaite qu’il aimait. Son canot était ancré à Putney, et, quand sir Hugo n’avait pas besoin de lui, son plus grand plaisir était de ramer jusqu’après le coucher du soleil et de rentrer à la clarté des étoiles. Non qu’il fût devenu sentimental, mais il était alors dans un état d’humeur contemplative assez commune chez les jeunes gens de notre époque : celle de savoir si c’était la peine de prendre part au combat de la vie.