Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/394

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Jacob démontra que, s’il avait écouté, il avait aussi compris, car il dit :

— Vous reviendrez ? Avez-vous d’autres couteaux chez vous ?

— Je crois que j’en ai un, répondit Deronda en riant.

— A-t-il deux lames et un crochet, et un manche blanc comme celui-ci ?

Il désigna du doigt la poche du gilet.

— Je crois que oui.

— Aimez-vous les tire-bouchons ? continua Jacob en exhibant de nouveau cette pièce de son couteau et en levant les yeux d’un air sérieusement interrogateur.

— Oui, répondit Deronda.

— Eh bien, apportez votre couteau et nous ferons un échange, dit Jacob en remettant le sien dans sa poche et en se posant comme s’il avait le sentiment d’avoir mis en train une transaction avantageuse.

La grand’mère avait repris son calme, et toute la famille était radieuse de voir Deronda caresser la petite fille à laquelle, jusqu’alors, il n’avait pas fait attention. Il l’assit sur le comptoir et lui demanda son nom. La petite le considéra silencieusement et lui montra du doigt ses boucles d’oreilles qu’il n’avait pas remarquées.

— Elle s’appelle Adélaïde-Rebecca, dit orgueilleusement la mère ! — Parle à monsieur, mon ange.

— J’aurai ma robe du Schabbath, balbutia l’enfant.

— Elle dit, fit observer le père, que ce soir elle aura sa belle robe.

— Et vous verrai-je dans cette belle robe, Adélaïde ? demanda Deronda avec la mélodieuse intonation qu’il prenait si facilement.

— Dis oui, mon ange, oui, s’il vous plaît, monsieur, s’écria la mère enchantée de ce beau monsieur qui appréciait les enfants remarquables.