Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/44

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tir à l’arc, la chose du monde la plus distinguée, si toutefois cependant elle n’y fait point d’objection, ajouta M. Gascoigne en regardant Gwendolen avec une aimable ironie.

— Je suis sûre que j’aimerai passionnément cet exercice. Rien ne me cause plus de plaisir que de viser le but et de l’atteindre, dit Gwendolen en souriant et en prenant l’attitude d’un archer, ce qu’elle fit avec une grâce inimitable.

— Notre Anna, la pauvre enfant, a la vue trop basse pour cela. J’ose me flatter d’être un tireur de première force et je vous donnerai des leçons. Je veux faire de vous une archeress accomplie pour notre grande réunion de juillet. Vous n’auriez pas pu choisir un meilleur voisinage que celui-ci. Il y a les Arrowpoint, — ce sont de nos mieux posés. — Miss Arrowpoint est une charmante personne, — elle a été présentée à la cour. Ils ont une résidence magnifique, — Quetcham-Hall, admirable surtout au point de vue de l’art ; leurs parties, auxquelles vous êtes sûres d’être invitées, sont les plus belles que nous ayons. L’archidiacre est leur intime, et ils ont toujours des hommes comme il faut chez eux. Madame Arrowpoint est un peu bizarre, un peu caricature, il est vrai, mais bien pensante au fond. Miss Arrowpoint est aussi bonne que possible. Que voulez-vous ! toutes les jeunes filles n’ont pas la chance d’avoir des mères aussi aimables et aussi gracieuses que la vôtre et que celle d’Anna.

Madame Davilow répondit à ce petit compliment par un faible sourire, tandis que M. et madame Gascoigne se regardèrent si affectueusement, que Gwendolen se dit : « Mon oncle et ma tante sont heureux au moins. « Bref, elle se sentit satisfaite des perspectives qui s’ouvraient devant elle à Offendene. Quelle différence avec la vie qu’elle avait menée jusque-là ! Même les curés, qui revenaient à si bon marché, — elle l’apprit incidemment, — étaient presque