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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

glisser, elle avait là un appui pour se retenir. Oh ! elle ne pourrait jamais être entraînée de nouveau dans cette froide caverne du péché et du désespoir ; elle avait senti le soleil du matin, elle avait aspiré l’air doux et pur de la confiance, du repentir et de la soumission.

Telles étaient les pensées qui traversaient l’esprit de Jeanne tandis qu’elle s’inclinait sur le lit de son mari, et telles furent les espérances qu’elle confia à M. Tryan lorsqu’il vint la voir. Il était si évident que ces idées la fortifieraient dans sa nouvelle lutte, elles jetaient un tel éclat d’enthousiasme sur son visage, que M. Tryan ne put se décider à proférer quelques paroles de doute sur ses espérances, quoique une conversation antérieure qu’il avait eue avec M. Pilgrim l’eût convaincu qu’il n’y avait pas la plus légère probabilité à ce que Dempster se rétablît. La pauvre Jeanne ne comprenait pas la signification du changement des symptômes, et lorsque, au bout d’une semaine, le délire perdit une partie de sa violence et fut interrompu par des intervalles de plus en plus longs de torpeur, elle voulut croire que son malade était en voie de guérison et elle évita de questionner M. Pilgrim, dans l’appréhension qu’il ne confirmât les craintes qui, par moments, se glissaient dans son esprit. Mais le docteur jugea convenable de ne pas lui permettre de s’aveugler plus longtemps. Un jour — c’était justement près de midi, l’heure