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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

que son visage ressemblait à un morceau de mastic avec deux pierres d’Écosse pour figurer les yeux, — on parlait beaucoup plus mal de Rébecca ; une plaisanterie habituelle des jeunes demoiselles était de la recommander pour épouse à quiconque leur faisait la cour. Son embonpoint, ses parures et ses grosses chevilles donnaient du piquant à ce jeu répété. Miss Rébecca, toutefois, possédait un talent musical, et sa romance : « Oh non, nous ne le nommerons jamais », ainsi que « Les larmes du soldat », ajoutaient si fort aux plaisirs d’une soirée, que personne ne tenait à la fâcher ; d’autant plus que Rébecca était assez vive et avait la langue particulièrement tranchante. Ses lectures, plus étendues que celles de sa sœur, avaient embrassé la plupart des livres d’imagination du cabinet de lecture de M. Procter, ce qui expliquait ses rapides changements de costume, car elle s’habillait suivant le genre de beauté sentimental, brillant ou sévère, dont était douée l’héroïne des trois volumes qu’elle parcourait actuellement. La blonde qui retombait autour de son chapeau pendant une semaine était rejetée la semaine suivante ; et ses joues, que, le jour de la Pentecôte, on voyait à peine, à travers une dentelle à la Turner, se trouvaient, le dimanche de la Trinité, dominer de leurs riches contours son buste proéminent, comme le soleil se dessine sur un banc de brouillard. Le velours noir à fermoir de cristal