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de causer avec de telles femmes. Elles veulent toujours des raisons à tout, et avec cela elles sont trop ignorantes pour comprendre les véritables raisons d’aucune question et elles finissent par en revenir à leur sens moral pour régler toutes choses selon leur goût.

Miss Brooke n’était évidemment pas le genre de femme de M. Lydgate, pas plus que celui de M. Chichely. Aux yeux de ce dernier, déjà mûr, elle semblait être une erreur de la nature, faite pour renverser sa confiance dans les causes finales, sa conviction étant que les belles jeunes femmes étaient faites pour les célibataires à face rouge. Mais Lydgate était moins mûr d’esprit, et l’avenir pouvait bien lui réserver encore des expériences qui lui feraient juger différemment des qualités les plus parfaites de la femme.

Aucune de ces personnes ne revit plus cependant miss Brooke sous son nom de jeune fille. Peu de temps après cette soirée, elle était devenue mistress Casaubon et elle était en route pour Rome.



CHAPITRE XI


Le fait est que Lydgate se sentait déjà fasciné par une femme entièrement différente de miss Brooke ; il ne croyait en aucune façon avoir perdu son équilibre ni être devenu amoureux, mais il avait dit de cette femme : « Elle est la grâce personnifiée, c’est une jeune fille accomplie et vraiment adorable ; toutes les femmes devraient être ainsi, comparables à une exquise musique. » Il regardait les femmes, en général, comme tout autre fait sérieux de la vie, qu’il fallait juger en philosophe et pénétrer par la science. Mais Rosemonde Vincy semblait posséder le vrai charme mélo-