Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/128

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jours plus ou moins les parents de sa femme, et les Garth sont si pauvres et mènent une si petite vie… Mais je vais vous laisser à vos études, mon chéri ; il faut que j’aille faire quelques emplettes.

— Les études de Fred ne sont pas bien profondes, dit Rosemonde se levant avec sa mère. Il lit un roman.

— Bien, bien. Peu à peu il ira retrouver son latin et ses livres, dit doucement mistress Vincy en caressant la tête de son fils. Il y a un bon feu dans le fumoir, tout exprès. C’est le désir de votre père, vous savez, Fred, mon enfant ; et moi, je lui dis toujours que vous serez raisonnable et que vous retournerez au collège prendre vos degrés.

Fred porta à ses lèvres, sans répondre, la main de sa mère.

— Je ne pense pas que vous sortiez à cheval, aujourd’hui ? demanda Rosemonde s’attardant un peu après le départ de sa mère.

— Non, pourquoi ?

— Papa a dit que je pourrais monter l’alezan à présent.

— Vous pourrez sortir avec moi, demain, si vous voulez. Seulement rappelez-vous que je vais à Stone-Court.

— J’ai tellement envie d’une promenade à cheval, qu’il m’est absolument égal d’aller n’importe où.

En réalité, c’était précisément une course à Stone-Court que Rosemonde avait en tête.

— Oh ! dites donc, Rosy, ajouta Fred au moment où elle sortait de la chambre, si vous allez à votre piano, laissez-moi jouer quelques airs avec vous.

— Ne me le demandez pas ce matin, s’il vous plaît.

— Pourquoi pas ce matin ?

— En vérité, Fred, que je voudrais vous voir laisser votre flûte ! Un homme a l’air horriblement niais quand il joue de la flûte ; et puis vous jouez si faux !

— Quand on viendra vous faire la cour un de ces jours,