Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tement, mais pour laquelle votre concours peut m’être utile. Vous reconnaissez, je l’espère, l’existence d’intérêts spirituels chez vos malades ?

— Sans doute, j’en reconnais l’existence. Mais ces mots renferment des significations différentes selon les différents esprits.

— Précisément. Et, en telle matière, un mauvais enseignement est ce qu’il y a de pire ; plutôt rien. Il y a quant à présent un point qu’il me tient à cœur de fixer : c’est une nouvelle organisation du service religieux à l’hospice. Le bâtiment est situé dans la paroisse de Farebrother. Vous connaissez Farebrother ?

— Je l’ai vu. Il a voté pour moi. Il faudra que j’aille l’en remercier. C’est un petit homme enjoué, agréable, et j’ai entendu dire que c’était un savant.

— M. Farebrother, mon cher monsieur, est un homme qu’on ne peut admirer sans un regret profond. Je ne crois pas qu’il y ait dans tout le pays un pasteur de plus grand talent… M. Bulstrode s’arrêta d’un air méditatif.

— Je n’ai été, jusqu’ici, à Middlemarch, affligé de la vue d’aucun talent supérieur, dit Lydgate crûment.

— Ce que je désire, poursuivit M. Bulstrode devenant plus grave, c’est que l’office de Farebrother à l’hospice soit rempli à sa place par un chapelain, M. Tyke ; pour tout dire, je ne voudrais pas qu’on y admît d’autres secours spirituels que les siens.

— Je ne puis, comme médecin, avoir d’opinion là-dessus sans connaître M. Tyke, et même alors il faudrait savoir les conditions dans lesquelles vous comptez l’employer.

— Sans doute ; vous ne pouvez encore comprendre dans toute leur étendue les mérites de cette mesure, mais… Ici M. Bulstrode s’exprima avec plus d’énergie : cette mesure devra être présentée au conseil médical de l’hospice, et ce que je crois pouvoir exiger de vous, c’est qu’en vertu de la